Dark Rise
Le chuchotis de leurs murmures se répandit dans le
jardin. Les feuilles s’agitèrent, répandant la rumeur d’une obscure nouvelle.
Le corbeau se posa, silencieux présage de la tragédie déchirante. Les nuages
affluèrent au-dessus de la roseraie. La pluie vint couronner l’écho furieux du
vent.
Les fleurs fanèrent en versant des larmes de glace
sur la terre froide. Tout ce qui était vivant et beau dans le jardin se flétrit
en noircissant, se racornissant comme une âme détruite par le chagrin. L’orage
gronda, orgue sourd de la tempête.
Enfin, rompant tel une délivrance le spectacle de
désolation qui s’étendait sans fin, un éclair s’effondra sur le sol, brûlant et
griffant l’air mouillé. Un parfum nouveau, suave et doucereux, l’envahit
subrepticement. Une rose noire naquît là où la lumière avait calciné le
parterre de fleurs.
Magnifiques et sombres, ses pétales couverts de
gouttes d’eau s’ouvrirent à la lumière blafarde de la lune. La pluie cessa, le
vent courut se cacher, les cirrus laissèrent place à la noirceur étoilée de la
nuit.
Le silence revint dans le jardin en un instant,
comme si rien de tout cela n’était arrivé. Mais la cruelle rose qui trônait en
son centre rappelait le drame aux yeux de tous. Elle aiguisa ses épines et
rehaussa sa splendeur séductrice par un éclat de vitalité.
La Mort était née.
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