vendredi 16 octobre 2015

Kamel

Kamel

Il se releva. La détermination brûlait dans son regard. Oh, cette fois, le maître n'arriverait pas à le surprendre ! Il se jeta de toutes ses forces sur le côté droit de son adversaire, visant les côtes exposées de sa lame courbe, tout en effectuant une roulade afin d'éviter la massue qui manquait de s'écraser sur son crâne. Il l'avait touché ! Il ne put retenir un sourire de satisfaction : au même instant, une vive douleur explosa dans son épaule. La massue avait continué sur sa trajectoire et avait acquéri avec cet élan une puissance phénoménale. Pas assez, cependant, pour briser un os de l'un des fils de Ghan-l'ours. Le garçon grogna mais ne roula pas à terre : il bondit en avant, ne s'accordant pas un instant de répit. Glissant avec agilité entre les jambes de son mentor, il se releva avec prestance, la pointe du sabre sur le cou dénudé du maître. 
- Bien, hoë. 
"C'est tout ?!" ragea-t-il intérieurement.
Cela faisait près de deux mois qu'il s'entraînait sans relâche dans l'espoir de décrocher ne serait - ce qu'un compliment : et malgré tout les progrès qu'il avait accompli ces derniers semaines, sa seule récompense était ce "bien". Le garçon serra ses poings : un nuage de poussière s'en dégagea. Il était recouvert de terre brune de la tête aux pieds. Dans son dos, la sueur qui avait séché avec la boue avait durci son habit ample d'argile. Les contusions recouvraient son corps, un large bleu commençait déjà à s'étendre sur sa clavicule gauche, sous la peau arrachée par la massue. Une plaie à peine cicatrisée s'étendait sur son arcade sourcilière jusqu'à son nez, ce qui ne masquait en rien le charme de ses yeux d'ébène. Noirs comme la fourrure de sa panthere, on aurait dit qu'ils absorbaient toute la lumière alentours. Ses lèvres fines, pincées en une grimace de déception, étaient entourées d'une barbe naissante, elle aussi recouverte de poussière. Cela ne dérangeait nullement le garçon : dans le taudis où il vivait avec sa mère et Nadiya, ils n'avaient pas souvent l'occasion de se laver.
- Kamel ! l'appela une voix féminine depuis la case la plus proche du terrain d'entraînement. Viens manger, c'est prêt. 
L'épaule toujours meurtrie, le jeune homme s'inclina jusqu'à presque toucher terre devant son maître. 
- Je vous laisse.
- Sois a l'heure demain matin, hoë.


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